Hee Ji || Not Quite A Genius

L'inspiration ne venait pas. Elle détestait tant le sujet que son professeur de littérature lui avait donné. Le rêve... C'était si vaste et si précis à la fois qu'elle ne parvenait pas à se fixer sur une idée précise. Non. Impossible. Sans compter que son chien Mia, un gros Golden un peu trop en forme à son gout, ne cessait de donner des coups de museau contre sa main pour qu'elle se décide enfin à lui faire prendre un peu l'air. Poussant un soupir, elle repoussa du revers de la main ses cahiers d'un air découragé avant de se lever pour passer la laisse à sa bestiole. Toute heureuse, Mia agitait la queue en tournant autour de sa maîtresse. Et dire qu'il y a à peine cinq ans de cela, c'était elle qui suppliait son père de lui acheter un animal. Un chat aurait bien pu faire la faire... Malgré tout, elle adorait Mia. Plus que tout. Elle était sa confidente, la femme de sa vie, son... Non pas son modèle en fait.

Enfilant une légère veste et ses chaussures, elle lanca à son père, captivé par une partie de poker télévisée - à savoir ce qu'il y a d'intéressant là-dedans...


« Pa' ! Je vais prendre l'air avec Mia ! »

Sans attendre de réponse - ne demandez jamais à un homme de faire deux choses à la fois où de capter son attention à autre chose que son activité actuelle - elle franchit la porte, la refermant derrière elle. Léger frisson. Assez frisquet cette soirée. Il avait beau être plutôt tard - elle et son père ont toujours eu la mauvaise habitude d'aller au lit à des heures incroyables - on sentait que l'été cédait sa place à l'automne.

« Mia, viens. »

Instinctivement, ses pas la guidaient vers le parc. Le « spot » habituel. Tranquille et faiblement illuminé, c'était un plaisir que de l'avoir pour eux deux seules. Et à cette heure, qui donc risquait de s'y trouver ? Une fois la destination atteinte, Reina prit la décision de dégourdir un peu les jambes à ce gros chien qui supportait mal la vie dans un petit appartement. Se saisissant d'une branche cassée qu'elle trouva à ses pieds, elle le lança au loin, observant par la suite Mia le poursuivre comme si elle ne vivait que pour cela. Puis... Du bruit. Une mélodie, faible et lointaine. De nature curieuse, la jeune fille fit signe à Mia de rester tranquille un instant avant de tendre l'oreille. Cette mélodie de guitare, elle metterait sa main à couper. C'était Takeshi Koizumi.

Ah ! Comme elle devait avoir l'air fanatique. C'était tellement loin d'être son genre et son intention. Mais comment dire... C'était plus fort qu'elle. Ce n'était pas comme ces stars de rock ou une toute autre célébrité. C'était Takeshi Koizumi. Sautillant sur place, prise par une vague surexcitation, la jeune fille se saisit de la laisse de son chien, suivant à pas furtif la musique. Bientôt, elle apercut même la silhouette du jeune homme. Eh oui, c'était lui ! Restant <a l'écart, elle se contenta de l'observer de loin. On avait tous besoin...d'intimité. Il n,était pas nécessaire qu'il sache qu'elle était lâ non ?

Hélas, Mia en décida autrement. Comme une flèche, elle se dirigea vers le jeune homme, en peu trop enjoué au gout de Reina qui tenta de la rattraper.

« M...Mia ! »

Merci pour la discrétion sale bestiole. Une fois arrivé au niveau du jeune homme, la sale bestiole en question entreprit de faire un nettoyage facial au jeune homme à l'aide de sa langue sans prendre la moindre précaution pour l'instrument. C'était un chien après tout. Reina arrivant à sa suite s'en saisit brusquement, luttant contre l'entêtement du chien qui semblait ne vouloir quitter le jeune musicien.

« Sale bestiole, tiens toi tranquille, aller ! »

Inutile de préciser que le rouge était la couleur dominante sur les joues de la jeune fille. Une fois le chien calmé, elle se permit de lancer un regard désolée au jeune homme avant de tout de suite fixer le sol.

« Pardon. Elle...Elle est plus forte que moi. »

Et elle allait le regretter cette Mia ! Non seulement elle lui avait franchement fait honte, mais qui plus est, elles avaient interrompu Takeshi. Heureusement, il ne faisait pas partit de ces élèves si riches qui ne se permettaient même pas de poser leurs regards sur elle.