Règlement de compte [ PV Kim Soo Min ]

" Combien de temps comptent-ils rester à Seoul ?...Très bien…Oui, demain en fin de matinée, ce sera parfait… "

Un regard vers l’entrée pour remarquer qu’elle venait d’entrer.

" Merci Mademoiselle Yoon… "

Il raccrocha sans attendre, reléguant son travail et se leva pour lui indiquer sa place. Elle ne tarda pas à le trouver et se dirigea vers lui, alors qu’il se rasseyait simplement. Quelques heures plus tôt, il lui avait passé un coup de téléphone rapide, annonçant un désir de rencontre, histoire de tirer les choses au clair une bonne fois pour toute. Cela n’avait rien à voir avec le fait qu’il soit mauvais perdant, même s’il l’était, parce que Seung Woo avait raison. Cette fois-ci, elle avait joué avec le feu : marcher sur ses plates-bandes et clamer haut et fort qu’elle l’avait eu, qu’il avait été le premier à succomber…nan mais elle se croyait où ? C’était juste ce qu’il faisait croire à toutes, sauf qu’habituellement, il était le seul à user d’hypocrisie.

Le soir de leur rencontre, le jeu avait été des plus intéressants parce qu’au fur et à mesure que la boisson coulait à flots, ils avaient tous deux découvert le pot-aux-roses : l’autre dupait aussi. C’était drôle et extra-ordinaire, d’où l’ultime combat qui s’était enchaîné : faire craquer l’adversaire le premier. Au final, aucun des deux ne pouvait se souvenir avec exactitude de qui avait réussi, de même qu’aucun des deux ne semblait capable d’admettre sa défaite. Et alors quoi ? Laisser ça en suspens et la voir se pavaner sans rien dire ? Jamais ! Parole de Kang. Parce qu’après tout, il était l’homme, le mâle, celui qui permet la progéniture, donc celui qui ne perd pas. Mais passons, il fallait faire bonne figure et continuer ce petite manège de bonnes manières.

" Merci d’être venue. Tu veux boire quelque chose ? "

D’abord, mettre les formes. Ensuite, passer à l’attaque.

Le serveur s’était approché pour prendre la commande de Mademoiselle Kim tandis que Seung Woo prenait ses aises dans son fauteuil, la regardant d’une manière amusée. Pauvre petite…Il n’y avait absolument aucune raison de faire durer davantage de doute.

" Je suis désolé…de t’avoir trompée de la sorte. Ça ne serait jamais arrivé si tu avais bien voulu te rendre à l’évidence immédiatement. "

Il saisit sa tasse et but lentement. La victoire avait un goût exquis, des notes sucrées et chaudes, un parfum amer mais pas trop, quelque chose d’agréablement jubilatoire. Il avait beau tenter de se passer en boucle sa soirée, tout était suffisamment clair pour peser en sa faveur : n’avait-il pas, à plusieurs reprises, essayé de stopper ses ardeurs ? Les hommes ne pensent qu’à une chose et une seule : et les femmes dans tout ça ? Elle lui avait littéralement sauté dessus ! Son charme, son élégante politesse, qui pourrait résister ? Oh bien sûr, elle possédait certains atouts non négligeables mais elle ressemblait à toutes les autres, non ?

" Mais puisque tu es de nature têtue et excessivement bornée, tu peux continuer à croire tes illusions ou cesser ces gamineries maintenant. A toi de choisir. "

Il la scrutait calmement et n’effaçait pas son sourire. Bien sûr, elle n’apprécierait pas ces mots ni même sa façon de faire, mais elle devait comprendre. C’était comme expliquer à un enfant pourquoi on lui interdisait certaines choses : pour son bien. Elle était jeune et avait moins d’expérience, malgré un caractère aiguisé. Tôt ou tard, elle tomberait amoureuse et souffrirait, parce que les hommes ne savent pas aimer comme on veut qu’ils aiment. Comprendre les femmes, c’est tout bonnement impossible, à moins de céder à chacun de ses désirs…et alors quoi ? Elles ne sont pas contentes ! Non ! Pour qu’un couple tienne, il faut des disputes, des prises de tête pour une meilleure réconciliation. Un homme doit aussi avoir son caractère, même si la femme commande…La femme commande ! Quel doux oxymore…mais on était au XXIème siècle et les hommes devaient faire plus de concession pour ne pas être des goujats…à moins de choisir l’instabilité éternelle, comme notre Casanova ici présent.

Lui, de quel droit l’appelait-il ? De quel droit se permettait-il de décider l’heure et le lieu du rendez-vous? Non pas que Soo Min soit une féministe valeureuse et guerrière, seulement, face à son double masculin, elle préférait ne jamais se retrouver en position de faiblesse. Elle était trop perfide elle-même pour ignorer les mauvais coups qu’il pouvait lui réserver. Mais alors pourquoi avoir accepté son invitation? Pourquoi diable avait-elle filé droit vers le piège qu’il lui tendait? Oh la réponse est simple, il avait parlé de pari, de leur pari, et il avait laissé sous entendre qu’il pourrait l’avoir gagné. Et ça, c’était insupportable. Attirée par cette vulgaire distraction, notre coréenne c’était présentée sous son plus beau jour – autant son apparence que le sourire moqueur qui ornait ses fines lèvres, et elle c’était rendue au lieu de rendez-vous. Oh mais ne croyez pas qu’il allait s’en tirer indemne pour l’avoir réveillé, elle lui ferait payer l’audace de lui gâcher son unique journée de vacances! Finalement, notre bridée franchit la porte avec son sourire faussement calme, faussement doux – faut dire que quand il est accompagné d’un regard qui menace de vous poignarder, c’est rudement moins plaisant. Mais à quoi bon faire semblant devant lui, il voyait clair dans son jeu… Elle prit dont place en face de lui, avec un très large sourire lorsqu’il lui demandait si elle voulait se désaltérer. Excellent, le jeu pouvait commencer.

Que c’est généreux à toi de m’inviter, car c’est bien de cela qu’il s’agit non ? Tu ne vas quand même pas me laisser mourir de faim après m’avoir sorti du lit… À moins que tu sois assez égocentrique pour ne pas payer plus qu’un verre à une femme ?

Notre demoiselle sourit à nouveau avant de reporter son attention vers le serveur. Elle lui demanda une bouteille de ce vin hors de prix tout en précisant « puisque mon adorable Woo Woo m’invite n__n … » Oui, elle aurait du obtenir un diplôme sur comment mettre la honte aux hommes. Après tout, à notre époque, ces créatures faibles et stupides avaient tendance à accorder trop d’importance à leur muscles et peu à leur cervelle … puisse-t-elle exister. Elle reporta son attention sur monsieur langue de vipère, les jambes croisées, elle l’écoutait sans prononcer un mot mais on voyait bien aux froncements de ses sourcils qu’elle n’était pas d’accord. Pour qui se prenait-il ? Elle allait le remettre à sa place ce gougeât! Ce rendre à l’évidence? Oh mais quelle était-elle ? Parce qu’à son souvenir, c’était lui, le malheureux qui lui était tombé dans les bras. Elle l’avait certes aguichée mais c’était lui qui avait perdu la tête et lui avait demandé de passer aux choses plus sérieuses. En même temps, s’ils avaient voulu être honnêtes, ils auraient tout simplement admis que ni l’un ni l’autre n’avait plus de souvenir de cette soirée… C’est sur un ton faussement mielleux qu’elle lui répondit.

Désolé ? Mais mon pauvre ne va surtout pas te sentir coupable pour un détail comme celui-là…Je t’ai laissé faire puisque tu avais déjà craqué mais ça ne veut pas dire que je suis intéressée pour autant à venir m’assoir à table… C’est plutôt à moi de m’excuser, on sait tout les deux que tu ne serais pas dans ce restaurant avec moi si tu avais admis la vérité – à savoir, que comme tous les hommes, la quantité de sang contenue dans ton organisme ne peut se rendre que dans une extrémité à la fois… ta tête ou ….

Elle regarda le serveur lui apporter sa coupe et pris un malin plaisir à la laisser reposer sur la table après à peine une gorgée. Elle observait d’un regard sombre celui qui se tenait en face d’elle. En même temps, la situation l’amusait, elle ne c’était pas acharnée sur quelqu’un depuis longtemps et, de se retrouver face à son jumeau spirituel c’était assez surprenant. Car oui, bien qu’ils se disputent, elle appréciait cet entretient. D’un air un peu hautin, elle passa une main dans ses cheveux sombres avant de lui sourire à nouveau. C’était comme assister à un duel à mort, mais sans les armes. Qui aurait le dernier mot ? Réfléchissant un long moment, elle le scrutait jusqu’à ce qu’il ouvre à nouveau la bouche. Décidément, cet homme parlait trop et elle le préférait avec la bouche occupée…

… Je suis heureuse de constater que tu tenir une conversation avec toi-même… Je suis bien d’accord, il est plus que temps que tu admettes la réalité et que tu arrêtes d’agir comme un gamin de cinq ans… Tu as perdu reconnais-le …

Elle s’approcha encore un peu de lui, démoniaque séductrice, autant dire qu’elle était plus que consciente de ses charmes et qu’elle n’hésitait pas à en user. Cette voix caressante, cet air mielleux et cette main qui glissait très doucement sur le bras du jeune homme… Elle murmura alors, avec un air de défi plus qu’amusé.

Mais comme tu ne supportes pas ta défaite, peut-être veux-tu une seconde chance… un « Round Two » ?

Une tenue aussi légère que d’habitude, une démarche souple, à l’aise, comme si elle avait défilé toute sa vie et pour couronner le tout, des cheveux tombant en cascade sur ses fines épaules. Bien entendu, plusieurs regards s’étaient tournés vers eux au moment où elle rejoignit le jeune homme, chose qui amusait Seung Woo puisqu’il la connaissait mieux que tout autre et appréciait le jeu de dupe qu’elle offrait à tous ces mâles intenables. Il ne dit rien lorsqu’elle commanda le vin et comprit qu’il ne fallait rien tenter. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’il payait pour une femme. Il éclata d’un rire franc, fort et puissant, au moment où elle fit une allusion grivoise concernant ses parties intimes. Au moins, cette partie de son anatomie l’avait marquée, c’était clair comme de l’eau roche. Il s’enfonça un peu plus dans son fauteuil, lui aussi amusé par son obstination et ses charmes, passant son index sous son menton, cherchant à percer les mystères de cette usurpatrice de loisirs.

Il ne bougea pas lorsqu’elle s’approcha de lui, frôlant ses avant-bras avec douceur, comme un chat ronronnant réclamant son repas. Il se contentait de la regarder, souriant, jusqu’à ce qu’elle en vienne au fait. Parce qu’elle avait une idée en tête et il l’avait su dès l’instant où elle avait franchi les portes. Les yeux de Seung Woo étaient à présent rivés sur la jeune femme, interrogateurs et visiblement suspicieux. Il passa une main dans la nuque de la coréenne, relevant ses cheveux et l’attirant contre lui, soufflant dans son cou.

" Ne serait-ce pas plutôt parce que tu en demandes encore ? "

Il s’écarta, touchant presque ses lèvres avant de reprendre sa place initiale, ne quittant pas ses prunelles caramel, un sourire imperceptible sur le visage. C’était donc ça, le but final de cette entrevue : une deuxième manche. Mais comment départager, alors que tous deux savaient pertinemment qu’il n’y avait pas vraiment eu de vainqueur la première fois ? Bah, ils trouveraient bien quelque chose à redire, ne serait-ce que pour prolonger l’instant. Prendre du bon temps, même s’il la connaissait déjà, cela ne pouvait être qu’agréable et tentant.

Le serveur revint avec des cartes, non sans jeter des coups d’œil troublés au couple. Apparemment, il n’était pas le seul qui se trouvait déconcerté par ces manières occidentales : la moitié de la salle était à l’affut du moindre geste nouveau, tel des spectateurs maintenus au suspens le plus complet. Qu’ils regardent ! Ils allaient bientôt découvrir le champion en titre, le Grand Seung Woo, aidé par son fidèle compagnon, Gold Master Card. Retour à l’envoyeur donc, pour les cartes. Il suffisait de demander les menus les plus chers avec une ou deux…allez, trois bouteilles Grands Crus : une de chaque couleur, non ? Rouge, Rosé et Blanc : Bordeaux, Buzet, Sancerre. De quoi satisfaire les papilles de Miss J’ai-Envie-De-Toi-et-De-Ta-Carte-de-Crédit, jusqu’à ce qu’elle ait un nouveau caprice. Leurs échanges étaient fort distrayants, inattendus aussi, parce qu’aucune femme encore n’avait essayé de jouer avec lui comme elle le faisait en ce moment. Que des êtres aussi tendres et doux que des femmes prennent un malin plaisir à berner le sexe fort, ce n’était plus aussi surprenant. Combien de fois avait-il eu à faire aux ex de ses conquêtes, tous tremblants et sanglotant, le suppliant d’abandonner leurs petites-amies, fiancées, épouses ? Il aurait préféré se faire refaire le portrait par un videur plutôt que de ressembler à ces mauviettes. Tandis qu’ils attendaient d’être servis, Seung Woo s’amusait en entremêler ses doigts dans ceux de la jeune fille, ses yeux posés sur ses mains.

" Je ne te savais pas aussi prévoyante et vicieuse. Me provoquer en prenant plaisir à vider mon compte en banque, finalement tu es pire que moi ! C’est peut-être ça qui me plaît… "

C’était à lui de jouer, à lui de succomber et d’être l’amant parfait. Vu de l’extérieur, cette scène devait être la représentation des amoureux : que je te bécote par-ci, que tu me touches par-là, sans pour autant que ces gestes soient déplacés ou malvenus. La jeunesse dans toute sa splendeur : de quoi faire des jaloux ! Parce qu’il fallait le dire franchement, ils étaient beaux ensemble…et même séparément ! XD L’important était de paraître, mais tout se passait dans les mots : douceurs incisives et mesquines, poignardant lentement l’adversaire à l’aide d’une lame tranchante et acérée. Un véritable jeu psychologique et physique qu’on ne pouvait comprendre si l’on n’y prenait pas entièrement part. Il fallait tout tenter, prendre des risques et oser…pour mieux tromper.

Quel jeu amusant, divertissant, sa main glissait sur le bras de son escorte alors qu’un sous faux, fourbe et terriblement doux étirait ses traits. Oh comme elle se délectait de leur jeu, au moins autant qu’elle appréciait de voir les mâles dans la pièce qui bavaient littéralement en la voyant. Elle accrocha son regard à celui de son cadet, tel un chat fixant sa proie. Elle le laissa même poser sa main sur sa nuque et l’attirer, réprimant un frisson en sentant un souffle sur sa peau. Il n’était pas dit qu’elle allait lui donner le dessus. Son autre main avait très doucement glissée sur la joue du jeune coréen, comme si réellement, elle voulait lui témoigner une quelconque tendresse. Elle lui proposa avec malice son plan et, comme elle s’y était attendue, il lui répondit avec le même amusement, la même cruauté dans la voix… Elle pouvait tout prévoir, il était exactement comme elle. Telle une prédatrice, elle l’écoutant en poussant le jeu jusqu’à effleurer son pied du sien, sous la table. D’une voix tout aussi provocante, suave, elle lui réplica, comme toujours…

« Ne prends pas tes rêves pour la réalité … Celui qui va craquer et admettre qu’il a envie de retenter l’expérience… c’est toi. »

Elle sourit légèrement, sentant ses lèvres à lui si proches sans toutefois faire le moindre geste pour diminuer la distance entre eux. Plus il était loin et mieux c’était. Elle aurait été menteuse de ne pas admettre, juste un peu, qu’il avait du charme. Elle regarda la serveur approcher et ne se le fit pas dire deux fois pour commander le repas le plus cher de la carte. Après qu’importe si elle ne le mangeait pas. Elle laissa même ce beau parleur entremêler leurs doigts et, bien qu’elle souriait, elle tentait toujours d’avoir le dessus en s’approchant un peu plus de lui. Oh comme ce jeu l’amusait… Elle s’amusait non seulement de leur scène mais aussi des spectateurs qui semblaient avide de voir la suite… s’imaginant sans doute un couple très amoureux…

« Vicieuse? Moi ? Peut-être bien … mais c’est ce que tu voulais lorsque tu m’as invité n’est-ce pas ? …. Quant à savoir lequel de nous deux est le pire, je te décernerais la palme haut la main … comme j’ai déjà le titre de championne… tu vas perdre encore une fois alors garde ta salive … »

Elle c’était penchée vers lui, les doigts toujours joints et elle s’était approchée de son oreille. Féline, douce, elle avait, de sa main libre, chassé quelque mèches sombres du coréen avant de murmurer, assez proche pour qu’il sente son souffle sur sa peau, des paroles bien moqueuses… provocantes… Elle prenait un plaisir malsain à le pousser à bout, à le tester… tout en sachant qu’il ferait de même.

« Je sais déjà que je te plais… »

Un jeu psychologique, c’était bien le but d’une telle lutte. Inlassablement, ils allaient de poignarder du regard et se lancer des phrases plus brutales les unes que les autres sans jamais laisser de répit à l’autre… Excellent. Soo Min était fabuleuse à ce jeu et, pour rien au monde elle n’avouerait que cet homme brutal et égocentrique lui plaisait au moins un peu, amicalement, car il lui ressemblait tant. Après des minutes d’attentes en silence, et de regard assassin, le serveur fini par poser les plats devant eux. L’humiliation pouvait commencer… Avec élégance, elle lui souhaita un bon repas selon l’usage… et observa l’entrée de soupe devant elle. Elle en prit une cuillère et la tendit au coréen avec un sourire entendu.

« J’aurai peur de me brûler… tu ne veux pas souffler ? Allez sois un peu galant pour la femme que tu as invité à manger… »

Elle attendit un long moment, qu’il daigne souffler sur la cuillère et finalement, elle prit une bouchée avec un sourire arrogant. Oh comme elle aimait le provoquer. Elle répéta le geste, encore et encore toute en l’observant avec un sourire en coin. Finalement, elle sembla s’en lasser, heureusement pour cet homme me direz-vous? Oh non, surtout quand on sait qu’elle ne cessait de le taquiner de son pied… sous la table.

« Dis Woo Woo, tu invites toutes les femmes que tu rencontres dans un restaurant aussi chic où tu gardes ça pour celles avec qui tu n’as aucune chance? »

Quand je vous dit que c’était une peste…

Il était face à une véritable dominatrice, une briseuse de cœurs, comme lui. Ses yeux, sa voix, son sourire, tout était faux, tout était calculé…comme lui. Un miroir ou le reflet de celui qu’il aurait pu être en femme, mon dieu que c’était drôle ! Leur jeu ne désemplissait pas, bien au contraire, puisqu’en plus de ses gestes attentionnés, elle lui faisait des avances sous la table. Il y avait de quoi devenir fou d’impatience et n’en plus pouvoir, au point de quitter cet endroit sur-le-champ pour se retrouver enfin complètement seuls. Mais quel intérêt ? Ici, ils avaient un nombre conséquent de témoins qui pourraient affirmer avec certitude qu’il l’avait séduite en premier, au moment venu. Aussi, il se contenta de sourire lorsqu’elle énonça fièrement qu’il ne pouvait que rêver d’elle, que rien de tout cela ne serait réel. Alors que faisaient-ils dans l’absolu ? La partie était loin d’être terminée et s’il avouait que recommencer ne lui déplaisait pas, il était certain qu’elle en ferait de même. Elle reprit ses propos, tout en pressant son bras contre le sien dans un mouvement de rapprochement. Ses intentions ? Difficile à dire. Jamais il n’aurait pensé qu’elle se serait plu à réagir aussi simplement. Il passa un bras autour de ses épaules, caressant du bout des doigts sa nuque, avant de lui murmurer.

" Pour le moment, c’est toi qui use inutilement la tienne. Et même si, dans l’hypothèse, j’avais réussi à succomber d’abord…je suis certain d’en sortir victorieux cette fois. "

Ils étaient proches sans l’être, deux amants attirés l’un par l’autre tout en essayant vainement de le cacher. Il la regardait comme si elle avait été la seule pour lui, l’unique femme à faire battre son cœur. D’ailleurs, est-ce qu’il battait ? Son calme olympien ne pouvait manifester réellement ses sentiments, ou devrais-je dire ses pulsions pour la dame. Bien sûr qu’elle lui plaisait ! Il fallait être gai, chaste ou totalement dérangé pour ne pas la trouver à son goût. Il ne disait rien, se contentant d’entrelacer ses doigts tandis que le pied de Soo Min jouait avec sa jambe. C’en était presque indécent et ils durent s’interrompre un court instant lorsque le serveur leur apporta les premières entrées. Décidemment, elle savait y faire. Il eut un rictus amusé, laissant entrevoir une fossette bien dissimulée, avant de s’exécuter. Elle recommença le geste plus d’une fois, tandis qu’il ne touchait pas à sa propre assiette. Il la regardait, c’était amplement suffisant comme mise en bouche.

Un pic supplémentaire s’enfonça dans son abdomen mais malgré la finalité de sa phrase, il décela quelque chose d’autre…une pointe de curiosité peut-être ? Son visage se fendit une nouvelle fois en un sourire mesquin, débordant de jubilation. Elle voulait connaître son comportement avec les autres, comment il s’y prenait et si toutes ses tentatives aboutissaient à une soirée à deux dans un hôtel. Pourquoi cet intérêt soudain, et cette manie de ronronner un surnom grotesque..? Parce qu’elle croyait réellement que des femmes pouvaient résister éternellement ? Même une none pouvait s’éprendre d’un homme à femmes, c’était dire…Il ne la touchait plus, ne tentait aucun mouvement et la laissait jouer avec son pied sous la table. Le manque de convenance n’avait rien à voir là-dedans : il la testait également. Seung Woo attendit quelques minutes encore avant de répondre, comme s’il cherchait la réponse qui allait lui convenir…ou pas.

" Ça dépend de leurs envies. Certaines préfèrent la simplicité, d’autres l’extravagance. Je suis maître de leurs désirs matériels tant qu’elles savent satisfaire les miens. Mais je doute que tu puisses comprendre la nuance, puisque tu te contentes de prendre sans donner quoique ce soit, sinon du vent… "

Il saisit son verre de vin et but lentement avant de retourner ses yeux vers la demoiselle. Elle était vraiment charmante…et mauvaise. Fausse. Toute une carapace qu’il devait essayer de retirer, au fur et à mesure que leur rendez-vous pérennisait.

" C’est ce qui nous différencie : j’offre un part de vrai, à chacune de mes conquêtes…et je n’ai jamais, de mémoire d’homme, connu de résistance aussi longue. "

Un petit compliment en guise de remerciement ? Il ne fallait pas ! Tu es trop bon Seung Woo.

Victorieux, lui? C’était presque une insulte pour ses charmes à elle ça. Comme s’il y avait sur cette terre un homme qui pouvait résister… à moi d’être gay ou aveugle… parce qu’elle était certaine de pouvoir damner le pape. D’ailleurs, c’était un peu un jeu de ce calibre que de séduire sa copie masculine… Elle aurait normalement repoussé un homme comme lui, elle n’en avait que faire des beaux parleurs assez riches… mais pas cette fois. Ce coréen l’intriguait, peut-être parce qu’elle savait reconnaitre dans ses gestes et dans ses manières, les mêmes fourberies qu’elle appliquait sans cesse ? Elle voyait son reflet agir devant elle et, bien qu’elle ne soit dupe d’aucune de ses manigances, elle se retrouvait à être attirée par lui… étrange. C’est du coin de l’œil qu’elle l’observait alors qu’il passait un bras autour de ses frêles épaules. Tel un chat, elle daigna même se coller un peu plus et poser sa tête sur l’épaule de son escorte, juste assez pour que ses paroles ne soient plus qu’un murmure, un souffle sur la peau de son cou à lui…

« Dans l’hypothèse? Ça me semble pourtant une certitude… tout comme ma victoire est assurée… et tu sais pourquoi ? »

Sa voix n’était qu’un murmure et son pied continuait de caresser la jambe du jeune homme. Soo Min n’aurait pu dire avec exactitude ce qui plus plaisait le plus entre cette franche rivalité et l’attention qu’ils se méritaient dans le restaurant. Il faut l’admettre, ils formaient un duo plus qu’intéressant, de quoi rendre bien des gens jaloux. Pour notre demoiselle qui avait toujours cherché la gloire, c’était des moments comme celui-ci qui lui manquaient de son ancienne vie. L’idée que son adversaire puisse savoir tout ce qu’elle avait été l’angoissait un peu, elle espérait simplement qu’il ne ferait pas les liens trop vite…Enfin, d’une voix moqueuse, elle souffla à son oreille la réponse à sa propre question.

« La curiosité … tu voudras savoir si c’est aussi délicieux la seconde fois … tu voudras t’assurer que ton premier échec était justifié … et j’attends cet instant avec impatience… ta défaite sera un divertissement. »

Après cette provocation digne d’Elizabeth Swan (XD), elle du se détacher de lui puisque les plats arrivaient. Oh généreux serveur, tu offres à notre demoiselle un plaisir sans borne en lui fournissant un objet de plus pour humilier ce Casanova. Elle lui souriait avec douceur, le provoquant toujours en le forçant à souffler sur sa soupe… Son pied n’arrêtait pas son manège et la tension était palpable. Elle aurait été sotte de ne pas être au moins attirée par ce grand séducteur… Et pourtant, elle restait impassible, était-ce parce qu’elle était orgueilleuse où parce qu’elle voyait clair dans son jeu? Rien n’était moins sure… puisque d’anticiper ses réactions ajoutait un divertissement à la scène qu’ils jouaient. Mieux valait rester ici et le faire perdre, elle s’imaginait pouvoir l’ensorceler assez rapidement. Au pire… elle pourrait toujours le droguer non? Elle fini néanmoins par plonger son regard noisette dans celui du coréen, demandant d’une voix de vipère s’il agissait toujours ainsi. Elle l’écouta déblatérer ses sottises et, même si ses mots lui firent l’effet d’un coup de poignard, elle n’en laissa rien paraître. Elle ne fit que sourire d’avantage…

« Oh mais je saisis très bien la nuance… Mais n’as-tu jamais songé que c’est encore plus hypocrite de charmer avec ton porte feuille? Où alors es-tu si dénué d’intérêt qu’aucune femme ne t’approcherais sans ton argent? Quoi qu’il en soit, j’aurai toujours une longueur d’avance puisque je n’ai besoin ni de fortune ni de fausses promesses pour m’attirer des regards. »

Elle lui souriait avec délectation, portant à ses lèvres son verre de vin dont elle prit une gorgée sans cesser de l’observer. Ainsi, il n’avait jamais connu une femme capable de lui résister aussi longtemps ? Intéressant, la partie promettait de se prolonger puisqu’on ne lui avait jamais rien refusé à elle non plus. Bon il y avait eu ce crétin de Tae Min, mais nous mettrons son affront sur le compte de problèmes mentaux.

« … Une part de vrai… ce qui nous différencie, c’est plutôt l’illusion … je n’ai guerre besoin de mentir, moi, où de donner de faux espoirs… Mais peut-être est-ce principalement cela qui différencie les hommes des femmes… après tout, tu es comme les autres non, incapable d’éprouver la moindre émotion et insensible… une « part de vrai » et tu crois qu’elles sont heureuses, ses femmes, d’avoir obtenu « une part de vrai » lorsque tu les jettes et qu’elles sont confrontés à ton illusion? Mais qui suis-je pour te blâmer à ce sujet … »

Elle souriait, reposant sa coupe alors qu’elle se penchait légèrement vers lui, ses doigts caressant très doucement la joue du jeune homme alors qu’elle murmurait, s’approchant un peu plus de lui pour parler contre ses lèvres, c’était limite si elle ne les effleurait pas…

« Alors il faudra témoigner « de mémoire d’homme », car cette résistance est loin d’être terminée… la partie ne fait que commencer. »

Elle ne manquait pas de culot pour se vanter ainsi. A croire qu’on pouvait lui dire n’importe quoi, son jugement serait toujours le plus juste, le meilleur, parce qu’elle savait qu’elle plaisait aux hommes. Le nier aurait été stupide mais le fait qu’elle ne le sache que trop bien la rendait agaçante. Elle ne doutait pas de ses charmes et c’était bien ça le problème, ça enlevait une part de timidité, de manque d’assurance, ce petit quelque chose qui fait qu’une femme est encore plus à croquer. Une nouvelle fois, elle insinua clairement qu’il avait été le seul perdant le soir où tout avait commencé entre eux. Un divertissement ? Bien sûr que c’en serait un ! Elle se délectait d’avance et mourrait d’envie d’aller plus loin, à condition qu’il cède. Il savait pertinemment que ses attaques ne lui conviendraient pas et s’amusait à imaginer ce qu’elle devait ressentir. Comme il aurait aimé prendre possession de son esprit, à la minute où il avait formulé ses mots ! Elle le fit rire, sans retenue, surprenant quelques clients bien décidés à lui lancer des regards assassins pour son manque manifeste de discrétion.

" Les femmes ont tendance à interpréter un peu trop vite la moindre attention qu’on leur porte. Je ne fais jamais de promesses que je ne pourrais tenir. Elles s’imaginent simplement que mes gestes, mes mots ou mes caresses signifient que je veux qu’elles soient à moi maintenant et à jamais. "

Il s’interrompit lorsque le serveur revint pour retirer leurs couverts et profita d’une minute d’inattention de la part de Soo Min pour lui déposer un baiser derrière l’oreille, en prenant tout son temps pour se retirer et reprendre sa place. Elle s’avançait rapidement en prétextant qu’il était dénué d’intérêt : il possédait sa propre agence immobilière, son parcours professionnel était assez impressionnant, il avait reçu une éducation exemplaire et connaissait une bonne partie de la haute société coréenne. Il avait du talent, des dons et une faiblesse intéressante qui consistait à toujours vouloir plus : du neuf, de la créativité, l’envie de se dépasser au point de réaliser des actions déraisonnables. Mais ça, c’était la partie de l’iceberg qui était complètement enfouie. Il sourit lorsqu’elle le rabroua en le traitant ouvertement d’enfoiré manipulateur. Elle prit conscience qu’elle n’avait pas de leçon de moral à lui faire et il acquiesça, visiblement surpris qu’elle prenne aussi facilement la défense de ses conquêtes : sûrement la solidarité féminine qui avait pris le pas sur le reste. Au moment où il se tourna vers elle pour donner son opinion à ce sujet, elle caressa sa joue et s’approcha dangereusement de lui, murmurant près de ses lèvres jusqu’à ce que leurs souffles se mêlent de la même manière qu’il l’avait fait avec leurs doigts.

" Tu voudrais que j’arrête tout ? Que je sois incapable de parler et que j’interrompe ce petit jeu pour me laisser complètement aller ? "

Il retira sa main de celle de la jeune femme et resta imperturbable, la scrutant des yeux, l’air toujours amusé.

" Puisque tu es si douée, tu devrais réussir à m’amadouer sans me toucher, non ? "

Il percevait la méfiance dans ses prunelles, voire une pointe d’interrogation et n’en jubilait que davantage.

" Je te propose une règle : plus de contact physique jusqu’au dessert. Ce sera une sorte de calme avant la tempête…parce qu’à la minute où l’on retirera nos plats de résistance, tu m’appartiendras. "

Il accentua ses derniers mots avec un ton assuré, implacable, aussi certain de ce qu’il avançait qu’elle était certaine de le faire craquer. Il y avait de quoi frissonner, rien qu’en croisant ses yeux ardents qui prouvaient qu’il ne plaisantait pas. Impassible, jusqu’à ce que le serveur revienne avec ces fameux plats principaux, débouchant une autre bouteille et la faisant goûter à Seung Woo. Il espérait que cette petite scène avait eu son effet sur la jeune femme, du moins, qu’elle avait suscité sa curiosité. Il était clair qu’elle aussi voulait savoir l’épilogue de cette soirée et quoiqu’il advienne, ils finiraient ensemble. Encore une fois. Une dernière fois ? Le serveur les laissa à nouveau seuls et le Casanova scruta à nouveau le regard de la belle, attendant ses répliques cinglantes et meurtrières avec impatience.

Ce type était vraiment et totalement copié sur l’image du macho pervers et fier de son état. Ce genre de personne la dégoutaient au plus haut point… et pourtant elle restait là et, même si elle n’en confirmerait rien, elle appréciait cette rencontre, ce jeu, ce défi. C’est avec un air hautin qu’elle le toisa alors qu’il accusait les femmes de mal interpréter ses intentions. Alors ça, c’était le bouquet. Soo Min ne comprenait pas ce qu’il y avait à mal comprendre là-dedans, y avait-il vraiment des gens assez naïfs pour ne pas remarquer qu’il s’agissait d’un Casanova aussi effronté que menteur? Non mais pour elle, ce genre d’attitude, ça saute aux yeux… Était-ce justement parce qu’elle agissait de la même façon? Elle l’observait, prête à répliquer lorsqu’elle senti des lèvres sur sa pauvre petite oreille. Autant dire qu’il lui fallu un effort surprenant de volonté pour ne pas frissonner et pour ne pas montrer qu’elle ne détestait pas ça au plus haut point… Au lieu de se calmer, elle ne fut que plus acerbe dans ses remarques.

« Mais voyons mon cher, vous fréquentez des femmes particulièrement désespérées ? Parce que franchement… vous appartenir, c’est assez dégradant comme but non? Oh mais qu’importe, ça ne sera jamais mon cas. »

Non, elle ne serait jamais la propriété de personne, et c’était sans doute ce qui faisait sa plus grande force – se tenir tout simplement droite, forte, prête à lutter jusqu'à la fin pour sa liberté. Il n’était pas dit que Soo Min finirait comme ses femmes âgées, aigries et envieuses, elle ne souhait rien de leur vie et ses rêves étaient à un niveau plus élevé que simplement épouser un homme riche et intelligent. Parce qu’avouons le, ce n’était pas les occasions qui manquaient lorsqu’on parlait de notre tigresse, seulement, si elle jouait avec ses proies, elle n’était pas du genre à leur donner trop. Mais c’était compréhensible non? Elle y avait trop perdu… remarquez elle n’avait jamais donné son cœur à la légère… Il était proche, si proche que n’importe quelle jeune femme civilisée aurait rougit devant tant de manière – mais pas elle. Elle soutenait son regard avec un sourire amusé, loin d’être impressionnée par cette proximité.

« Ce que je voudrais n’a pas d’importance puisqu’on sait tous les deux que celui qui va fléchir, ça sera toi. »

Et pour aller avec ses paroles de vipère, elle lui sourit avec une douceur pratiquement provocante. Finalement, il se recula et retira sa main de celle de la demoiselle. Allait-il prendre la fuite? Abandonner de peur de céder? Elle savait aussi bien que lui que prendre la fuite ne serait qu’admettre sa défaite. Après tout, ne pas lutter équivaut à abandonner non? Ainsi donc, il la craignait au point de tout plaquer là? Intéressant. Elle était vaguement déçue, elle attendait plus de résistance de sa part. Seulement, lorsqu’il parla à nouveau, c’était pour ajouter du piquant à leur défi. Elle ne pu que sourire de plus belle en le scrutant de ses yeux si sombres. Décidément, il avait le sens du jeu puisqu’elle acquiesça d’un sourire taquin. Jamais encore elle n’avait été aussi compétitive, aussi inlassablement intriguée et surprise par quelqu’un. Paradoxalement, elle savait prévoir ses réactions et comprendre ses charmes… Était-elle narcissique au point d’apprécier son reflet dans le miroir – version masculine ?

« Évidement. »

Comment dire autrement? Soo min était le genre de femme remplie d’assurance lorsqu’il s’agissait d’user de son physique pour charmer, c’était plus délicat lorsqu’elle ne devait que se fier sur sa personnalité. De ce côté-là, elle manquait cruellement de confiance en elle. Si elle faiblit un instant, il n’y a que son regard qui le laissa bien voir, elle continuait de sourire en l’observant. Mais il avait soulevé plusieurs questions, quels charmes avait-elle donc ouvre son apparence? Elle espérait seulement qu’il ne remarque pas la soudaine timidité qu’il avait fait monter en elle. Plus que jamais, elle voulait être forte. Elle l’écouta changer les règles et se surpris à éprouver une pointe d’admiration pour lui. Il avait donc confiance en lui au point où il n’aurait besoin de rien d’autre que de son charisme pour la charmer? Pfff, cours toujours.

« … Soit, j’accepte ta nouvelle règle, ça n’en sera que plus amusant. »

Elle lui sourit avec amusement en soutenant son regard avec une intensité pratiquement incomparable. Elle avait déjà choisi sa tactique – le repousser et le faire languir jusqu’à ce qu’il perde la tête d’être confronté à un refus si grand. Et pourtant, elle aussi était impatiente de savoir comment se déroulerait la suite des évènements, quoi qu’elle fût certaine de l’emporter. Avec une élégance toute naturelle – elle n’avait nul besoin de le toucher pour agir de façon féline – elle souleva sa coupe de vin très doucement, signe qu’elle désirait porter un toast.

« À notre diner alors. Et à tes derniers instants de répits avant de m’appartenir. »

Elle lui sourit, attendant qu’il participe à la célébration de son futur échec. Sa main libre pianotait doucement sur la table. Était-elle nerveuse? Non, pas du tout… enfin, elle ne l’avouerait jamais quoi. Il ne faut pas baisser sa garde devant des hommes comme lui… Elle l’avait appris à ses dépends par le passé. Sa voix veloutée s’éleva à nouveau et elle restait accrochée à son regard, ses prunelles brillantes de malice… Autant dire qu’on avait rarement connu un regard plus intense…

« Alors dis-moi, avec quel arme tu pourrais me charmer… Parce que là, franchement, je commence à être un peu déçu par tes mises en garde… Remarque, tomber sous ton charme serait bien une malédiction … qui ne se produira ja-mais.»

Il répondit à son sourire sans pour autant paraître surpris. Elle était aussi joueuse que lui, si ce n’est plus et refuser une condition aurait été une faiblesse de sa part. Elle continuait à l’invectiver, certaine qu’il n’y avait aucun doute possible quant à la finalité de la soirée. Elle se sentait triomphante, insouciante aussi…parce qu’ils avaient beau se comprendre mieux que quiconque, elle ne le connaissait pas et n’avait aucune idée de ce dont il était capable. Il remarqua son trouble léger et n’en fut que plus heureux : cette mise en scène faisait son effet, exactement comme il l’espérait. Changer de méthode en pleine bataille, alors que l’un et l’autre avaient déjà sortis leurs armes, c’était risqué, suffisamment pour déstabiliser l’adversaire. Bien joué Seung Woo ! Il prit à son tour son verre de vin et trinqua dans un tintement sonore avant de goûter au breuvage de Dionysos. Elle brûlait d’envie de savoir ce qu’il préparait mais les mots n’osaient franchir ses lèvres, de peur peut-être de lui manifester une trop grande importance. Il affronta son regard ardent et l’écouta non sans quitter ce sourire amusé.

" Pour quelqu’un qui se prétend sans faille au niveau de la séduction, je trouve que tu te répètes un peu trop souvent, comme si tu voulais absolument croire en tes dires : " je ne tomberai pas sous son charme, je ne tomberai pas sous son charme… ", une interdiction que tu fredonnes pour te donner du courage, c’en est trop risible ! "

Il partit dans un léger éclat de rire avant de reposer son verre sur la table, joignant ses mains, son regard toujours intensément posé sur elle.

" Contrairement à toi, je ne me sens pas supérieur vis-à-vis des hommes. Je sais simplement quelles sont mes qualités et mes chances par rapport à d’autres. Tu te contentes d’abuser de ton physique mais n’as-tu jamais songé à d’autres moyens ? "

Elle était certes son reflet mais il ne l’avait jamais vue à l’œuvre : il supposait juste et bien la concernant, se revoyant à ses débuts peut-être ? Lorsqu’il n’avait pas saisi toute l’importance de ces petits à côté qui font qu’on devient irrémédiablement ce que l’autre désire plus que tout. L’alchimie entre deux individus pouvait être si forte, si passionnée, qu’il était impossible de réagir avec raison. Seul le cœur était maître, d’où le danger, le frisson et l’angoisse constante que tout cesse d’un instant à l’autre. Il avait appréhendé tout cela, une fois et une seule, pour ne plus jamais recommencer. La douleur l’emportait sur l’amour dans son cas…Il continua à laisser planer sa question dans l’air puisque le serveur arriva avec les plats principaux : une pièce de bœuf et ses accompagnements. Seung Woo ne prit pas même la peine de regarder son assiette et la repoussa, tirant celle de la jeune femme à sa place. Il prit ses couverts et commença à lui couper sa viande, sans même qu’elle ait eu le temps de dire quoique ce soit. Il reprit son récit en bon professeur.

" Ils te veulent comme n’importe qu’elle femme attirante…N’importe laquelle. Alors qu’est-ce qui fait que toi plutôt qu’une autre ? Tu es belle…et après ?! Il y en a d’autres. Je ne veux pas dire par là que je suis le seul homme attirant, mais je sais quoi faire pour qu’elles ne regardent que moi. "

Il piqua un morceau de viande et le lui tendit, l’approchant de ses lèvres avec délicatesse et douceur. Seung Woo pouvait tout donner, pas uniquement matériellement : il donnait de son temps, de sa personne et aimait prendre soin de celles qui partageaient sa vie, même pour un court terme. De la même manière, tout pouvait être perdu en une fraction de secondes…C’était tout ou rien. Jamais de compromis.

" Le simple fait de répondre à mon appel et de te présenter ici manifeste ton intérêt pour moi, même s’il ne s’agit que d’amusement ou de curiosité malsaine. Alors oui, peut-être que je serai celui qui s’abandonnera le premier, parce que je sais que ta fierté t’empêche de le faire, même si l’envie est aussi présente. "

Il se perdait dans la contemplation de cette magnifique créature, détaillant chaque trait de son visage avec une insistance déplacée. Il imprimait ses réactions, ses yeux, son nez, sa bouche…au point de ne plus voir qu’elle.

" Les femmes et leur volonté intarissable, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir ! "

Il se mit à rire une nouvelle fois, reportant son attention sur un second morceau de viande qu’il lui présenta, sans cesser de faire danser des flammes dans son regard.

|| Sorry pour le délais, ça a été assez fou comme semaine avec ma rentrée <3 ||

« Heureuse de voir qu’au mois, je te diverti. Mais c’est assez prétentieux de t’imaginer que je ne peux que me rappeler sans cesse de ne pas me laisser charmer. Puisqu’aussi vrai le fait que je te plaise soit, il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que c’est réciproque. Non ? »

Et le voilà, ce sourire assuré qu’elle lui lançait, cet air totalement franc, c’était sans doute son arme la plus redoutable. Elle n’avait pratiquement jamais honte de formuler tout haut ses pensées – sauf lorsqu’elles concernaient un certain chanteur pop, là, c’était plus délicat. Elle n’était pas le genre de femme à ressentir de la gêne lorsqu’elle se confiant. Elle soutenait se regard sans ciller, contrairement aux dames qui auraient préféré une approche plus timide. Soo Min était du genre sincère, brutalement directe mais avec une touche attachante. C’était peut-être là la différence entre leur approche, la nuance qu’il n’avait toujours pas saisit. Elle, même ses discours flatteur étaient emprunt de sincérité. Lorsqu’elle montrait une faiblesse, c’était toujours accompagné de cet air bagarreur de petite fille qui affirme pouvoir se débrouiller seule. Mais les jeunes filles fortes ne sont-elles pas les premières à tomber? Qui sait… Ce type l’intriguait pour une tonne de raisons, y compris le fait qu’elle se demandait comment il en était arrivé là. Certaines choses la troublaient, lui, avait-il aussi parfois la sensation d’être terriblement stupide en agissant ainsi où était-elle la seule à se demander pourquoi sa vie ressemblait plus à une pièce de théâtre qu’à la réalité? Tant de question que sa fierté lui empêchait de formuler à voix haute.

« … Tu crois ça? Hmmm … et j’imagine que comprendre les femmes ne fait pas parti de ton lot de points forts hein? »

Supérieure? Non. Pas à un seul moment de sa vie elle ne c’était imaginer valoir plus que quiconque. Oh, elle ne montrerait jamais combien elle pouvait se sentir misérable intérieurement, et surtout pas à un homme comme lui. L’espace d’un instant, elle l’observa l’air réellement surprise qu’il n’ait pas encore vu clair dans cette partie de son jeu. Enfin, elle venait de lui souffler un bon indice. Soo Min c’était mise à tortiller une mèche de ses cheveux sombre en réfléchissant. Peut-être avait-il raison en bout de ligne… une pointe de fureur perça son esprit et elle continua à sourire. C’était probablement du à sa nature de femme, cette petite réserve quand vient le temps de promettre des choses improbables ou de donner de faux espoirs. Peut-être était-ce parce qu’on avait trop joué à son cœur jusqu’au point où elle ne pouvait plus supporter la douleur? Qui sait. Elle connaissait trop bien ce jeu, cette passion, cette fièvre, pour ne plus jamais vouloir la connaître. Elle avait caché des sentiments si douloureux que désormais, même pour jouer la comédie, il était hors de question qu’elle laisse qui que ce soit approcher de son cœur.

« Peut-être bien … Mais je crois surtout que je n’ai pas envie d’être celle qu’on regarde. Après tout, on fini par se lasser de tout. Dis-moi combien de femmes te regardent avec mépris maintenant ? Je ne dis pas cela pour te vexer… seulement, ce n’est pas décevant de n’être adulé que quelques instants et maudit tout une vie ? »

Il y avait quelque chose de vexant dans la façon dont il riait, quelque chose de dégradant dans cette façon d’être si attentionné et avouons le, c’était loin d’avoir sur elle l’effet voulu. Elle était en colère à cause de ses paroles et avouons le, notre demoiselle avait des penchants colérique. Elle aurait bien voulu lui crever les yeux avec cette fourchette qu’il tendait vers lui. Mais non, elle souriant, elle posa doucement ses lèvres sur la bouchée tendue. Elle resta finalement un moment silencieuse avant de lui sourire à nouveau.

« Délicieux. Tu devrais vraiment goûter. Aller, j’insiste. »

Elle avait délicatement pris sa propre fourchette pour piquer un morceau de viande déjà tout taillé dans sa propre assiette – il avait eu la délicatesse de lui couper. Puis elle avait doucement porté la bouchée aux lèvres du jeune homme, très lentement, sans cesser de le regarder dans les yeux. Dans ses prunelles noisette dansaient une flamme d’amusement et de moquerie… Elle avait retrouvé son véritable sourire, plus calme, plus beau. Une fois qu’il eut le morceau de viande dans la bouche, elle prit la serviette de table pour essuyer le peu de sauce qu’il avait encore sur les lèvres.

« Hmmm … peut-être… ou peut-être pas ……. Mais je n’aurais pas manqué un repas en charmante compagnie … Mais si tu veux vraiment être fixé, je peux t’abandonner ici et composer ton numéro dès demain pour t’inviter à déguster un repas fait avec toute la tendresse du monde à ton égard… À moins que tu n’admettes dès maintenant être curieux… ou avoir des intérêts malsains. Auquel cas, je ne vais pas du tout te juger… Ça risque même de m’amuser. »

Elle lui souriait très doucement, acceptant avec un sourire moqueur le second morceau de viande qu’il lui tendait. En même temps, ça avait quelque chose d’énervant… Elle en venait même à regretter Tae Min et leurs disputes amusées assis par terre à déguster du fast food. Vite, un psychologue, elle regrettait son abruti d’ex !!

« Oh tu sais, je crois que ça ne serait pas aussi amusant si c’était facile non? Et je crois également que te résister est beaucoup plus divertissant que de te séduire… C’est mon tour de changer les règles du jeu… »

Il avait choisi lui-même d’imposer une règle et déjà, l’envie de la briser le prenait aussi irrésistiblement que la pomme pour Adam. Il voulait partir maintenant, abandonner ces menus gastronomiques pour une somme faramineuse et foncer, courir, périr…Jouer était plus d’une habitude, c’était un besoin vital, aussi indispensable que l’eau par exemple. Tout vient à point à qui sait attendre, mais pour l’impatient, que se passe-t-il ? Est-ce que le cours du temps s’interrompt ou au contraire s’accélère ? Il l’écoutait avec attention, laissant sa voix mesurée et moqueuse se balader ça et là dans son esprit. De l’implicite, encore et toujours, comme si les femmes n’osaient pas, ne pouvaient qu’agir ainsi, en passant par des intersections, des détours, dans le but de manipuler l’autre pour voir jusqu’à quel point il peut se contenir. Cela pouvait être lassant mais ce soir, Seung Woo ne devait pas se laisser aller à l’ennui.

Il éclata de rire pour la énième fois lorsqu’elle déclara ouvertement qu’il ne comprenait pas les femmes. Si un seul homme sur cette terre avait le pouvoir de le faire, il n’y aurait jamais de cris, de larmes, de luttes psychologiques entre deux âmes. Ce serait d’une monotonie affligeante et aussi barbante qu’un documentaire tchécoslovaque sur le maniement des cannes à pêche. Les comprendre était un terme trop lourd de conséquences, mais les aimer, les attendrir, les faire sourire ou pleurer, ça il savait. Et c’était déjà pas mal, non ? A ceci près que le dernier rendait toute nouvelle tentative d’approche impossible, pour son plus grand déplaisir. Il y avait du juste dans ses propos mais notre agent immobilier préféré ne voulait pas rentrer maintenant dans une discussion sérieuse. S’il songeait aux femmes qui avaient partagé sa vie, l’espace de quelques heures ou quelques nuits ? Peut-être…Oui. Il n’avait rien d’un collectionneur, fier de garder un souvenir pour chacune de ses proies, les affichant sur un tableau de chasse. Il les aimait, sincèrement, mais pas de la même façon qu’on perçoit l’amour avec un grand A. Bref, rentrer dans les détails d’une histoire mélodramatique, très peu pour vous chers lecteurs…alors revenons à cette soirée, à cette Kim Soo Min est ses avances.

Elle ne rechigna par lorsqu’il lui tendit sa viande et insista pour le lui faire goûter. Elle tendit avec autant de délicatesse le bœuf pour le lui donner sans le quitter des yeux. Elle appréciait apparemment elle aussi cette nouvelle règle, mais pour combien de temps ? ^^ Il dégusta sa viande avant qu’elle n’essuie le coin de sa bouche, non sans faire perdurer ce léger contact freiné par le tissu. Un autre rendez-vous ? Une manière fine et détournée de le renvoyer au bercail ou simple suggestion de sa part ? Si la dernière interprétation était la bonne, cela signifiait qu’il serait chez elle, dans son intimité…intéressant. Un large sourire s’afficha sur son visage tandis qu’elle poursuivait.

" Encore une règle ? Et c’est à moi de prendre les rennes, c’est bien ça ? "

Il n’avait pas le temps de poser une dernière question que le serveur venait retirer les plats. Il devait véritablement se sentir gêné à chaque fois qu’il s’approchait de leur table car il ne chercha pas même à savoir pourquoi Seung Woo n’avait pas touché à son assiette. Le clou du spectacle allait faire son entrée en scène d’une minute à l’autre...Il revint à leur table au bout d’un moment avec un charriot sur lequel était placée une fontaine de chocolat. Autour de celle-ci se dressait des dizaines de fraises, toutes plus appétissantes les unes que les autres. Il l’installa au centre de la table et s’éclipsa. Seung Woo sourit simplement en saisissant l’un des fruits avant de le tremper dans le chocolat. Il le fit tourner et maintint sa main en-dessous de celle qui tenait la fraise garnie, histoire de ne pas tâcher la demoiselle. Il s’avança en même temps qu’il lui tendait la fraise et souffla sur celle-ci.

" Le chocolat pourrait être brûlant… "

Là encore, elle accepta le présent tandis qu’il la regardait de ses prunelles sombres. Il héla le serveur et demanda l’addition.

" Prête pour un dernier verre ? "

Et laisser cette formidable fontaine ?! Et alors…il n’avait presque pas touché à son dîner. Elle devait être aussi impatiente que lui de découvrir ce qu’il prévoyait au juste.

hj : pas de soucis, c'est moi qui ai été long cette fois ^^

S’il y a une chose qui l’amusait au plus haut point, c’était bien de laisser perdurer un doute quant à ses intentions. Bah quoi? Si elle était trop directe et qu’elle lui disait immédiatement ce qu’elle avait prévus, rien ne serait amusant non? Elle voulait qu’il s’imagine qu’elle était intéressée sans en avoir la certitude, après tout, ça rendait le jeu beaucoup plus excitant s’il ne pouvait deviner ses intentions. En plus, ça égalisait les chances puisque même s’il lui ressemblait beaucoup, il avait ce sourire énigmatique qu’elle n’arrivait pas à décrypter avec certitude. Vous savez, cet air trop doux qu’on ne peut prendre que pour un mensonge sans savoir s’il s’agit réellement d’un sourire ou si, au contraire, c’est plutôt une moquerie. Telle était l’impasse dans laquelle elle se retrouvait et dans laquelle elle souhaitait plonger le coréen. Un peu de justice pardi!

« Prendre les rennes… tu devrais être heureux de pouvoir mettre de l’avant ton initiative et ton talent dont tu ne cesses de te vanter… non? »

Elle le toisa du regard avec un air amusé pendant qu’on desservait les plats qu’ils avaient à peine touchés. Une jeune fille bien se serait méfiée des intentions de cet homme beaucoup trop manipulateur, mais Soo Min, tout en sachant qu’il n’avait rien d’un saint, était curieusement intéressée par ses plans pour le reste de la soirée. Il semblait beaucoup trop sournois pour qu’elle n’abaisse sa garde, après tout, les guerres sont plus mémorables lorsqu’elles comportent plus d’une bataille non? Elle ne le quitta des yeux qu’au moment de voir approcher une énorme fontaine de chocolat… et des fraises. Mais qu’est-ce qu’il avait en tête au juste? Elle le laissa faire lorsqu’il lui présenta de la nourriture et entra dans son jeu avec un sourire, croquant dans le fruit avec précautions. Il ne faudrait pas qu’elle se retrouve tachée de chocolat hein… Heureusement, ce ne fut pas le cas.

« Évidement. »

Brûlant, il y avait autre chose de brûlant et c’était le regard amusé et moqueur qu’elle lui lançait. Non Soo Min, concentre-toi, l’envie de faire de cet homme un dessert chocolaté est déplacé. Notre coréenne attendit donc qu’il ait réglé l’addition avant de se lever avec la grâce dont elle était affublée depuis sa naissance. Cette démarche assurée, féline, qu’elle avait développée sur scène, on ne s’en débarrasse jamais totalement, non? Un éclair de curiosité la saisit alors qu’il proposait un dernier verre. Elle était, avouons, plutôt curieuse de savoir ce qu’il prévoyait faire du reste de leur soirée. Mais n’était-ce pas aussi amusant, précisément parce qu’elle n’avait aucune idée des intentions du jeune homme? Possible. Elle contourna la table et lui emboita le pas d’un air assuré.

« Si tu l’offres, je ne vois pas pourquoi je refuserais… enfin, disons que j’accepte à conditions que tu me surprennes. Je ne voudrais surtout pas m’ennuyer… »

S’ennuyer? Avec lui? C’était pratiquement impossible puisque tout ce qu’ils faisaient n’était que des étapes dans un jeu beaucoup plus grand et beaucoup plus complexe que la simple séduction. S’ils s’étaient contenté d’une guerre physique, il y a longtemps qu’elle serait terminée car, soyons sincères, ils étaient aussi attirants l’un que l’autre. Mais bon, ils c’étaient lancés dans un duel psychologique et donc, ça durait plus longtemps. Elle lui emboita le pas jusqu’à l’extérieure et c’est le moment où sa curiosité atteint la limite du tolérable. Oui, Soo Min était le genre de personne qui ne supporte pas de ne pas tout savoir, elle était atrocement curieuse et elle n’aimait pas se laisser mener sans savoir où elle allait exactement.

« Alors, maintenant que tu es « en charge » quels sont tes plans ? »

Elle observait autour d’elle, comme si réellement, ça pouvait lui donner la moindre idée de l’endroit où il comptait l’amener. Après tout, prendre un verre, ça peut facilement être consommé n’importe où non? Elle était donc coincée dans cette attente nébuleuse, forcée d’attendre qu’il lui dise quoi faire et où aller. Soudainement, elle réalisa que lui donner plein pouvoir n’était peut-être pas l’idée du siècle, surtout si on prend en considération qu’il était en réalité assez louche comme homme. Elle restait proche de lui, sans oser s’accrocher à son bras, après tout, n’avaient-ils pas décidé que les contacts physiques étaient proscrits ? Comme une gamine qui appréhende avec amusement la suite d’un jeu, elle l’observait avec un air tout à fait espiègle…

La partie allait enfin tourner à son avantage. Il prenait la main et celle-ci serait gagnante, à tous les coups. Ils quittèrent le restaurant, sous les yeux apparemment déçus de certains, ravis pour d’autres, de voir partir ce couple aux mœurs si légères. Lui proposer de passer à autre chose, c’était comme tendre une friandise gouteuse à un enfant. Elle savait pertinemment qu’elle pourrait le regretter mais la situation était telle que refuser aurait été pur sacrilège. Aussi, elle lui emboîta le pas non sans une retenue manifeste au moment de franchir les portes du restaurant. Elle semblait tout à coup beaucoup moins à l’aise, plus impatiente et ce secret qui planait autour d’eux la rendait vulnérable. Il se dirigea vers son coupé sport et ouvrit la porte du côté passager. Lorsqu’elle voulut s’y installer en lui demandant ses plans, il glissa au creux de son oreille.

" Tu aimerais bien le savoir, n’est-ce pas ? "

Il referma la porte, un sourire satisfait flanqué sur son visage. Il passa du côté conducteur et démarra la voiture. Un joli bruit sous le capot permit à Mademoiselle l’Indomptable de comprendre qu’il fallait attacher sa ceinture pour plus de sécurité. Bien entendu, Monsieur le Séducteur s’en chargea pour elle, en prenant tout son temps, frôlant directement le visage de la jeune femme. Ils prirent directement la direction de la voie rapide, histoire que Seung Woo puisse prendre de la vitesse et faire profiter sa partenaire d’une délicieuse poussée d’adrénaline. Le toit ouvert, ils pouvaient davantage apprécier l’allure et le paysage, se sentant plus libre que jamais. Notre agent immobilier préféré adorait ça et espérait qu’elle aimerait tout autant que lui.

Ils changèrent de file plusieurs fois avant que le conducteur ne décide de bifurquer vers la rivière Han. Un lieu on ne peut plus classique mais qui n’offrait pas toujours les mêmes points de vues…Seung Woo gara sa voiture sur un parking désert et coupa le contact. Il descendit du véhicule et alla ouvrir la portière à Mademoiselle Kim. Elle n’eut d’autre choix que celui de saisir la main qu’il lui tendait, rencontrant son regard chavirant. Il ne dit mot, préférant jouer davantage avec ses nerfs, se rendant compte qu’elle avait autant de patience qu’un gosse de cinq ans la veille de Noël. Et quel cadeau pour notre précieuse Soo Min ? Quelle attention pourrait la faire oublier sa fierté et plonger dans ses bras ? Il se dirigea d’un pas assuré vers un yacht accosté expressément pour eux. Tu parles d’une magouille ! Tout pour épater la galerie et…oh mon dieu y’a même ses initiales dessus !!! Ils grimpèrent à bord tandis qu’un major d’homme salua Seung Woo comme s’il s’agissait d’un prince. Habillé en queue de pie, le bonhomme devait avoir dressé une table avec chandelles et sceau à champagne. Notre coréen favori tira une chaise, signe que la demoiselle devait s’installer. Il en profita pour lui glisser à l’oreille.

" Cette table n’attendait plus que nous… "

En se redressant, il lança un regard entendu à son homme de main, lui signalant qu’il pouvait disposer. C’était digne d’une scène cinématographique, tant le rythme, la cadence, tout était parfait. Seung Woo sortit la bouteille de son sceau et retira le bouchon avec dextérité. Il fit couler le breuvage dans deux flûtes et en tendit une à la demoiselle qui lui faisait face. Ils trinquèrent sans se quitter des yeux et avalèrent de longues gorgées de ce liquide délicat.

" J’espère que je n’en fais pas trop ? Auquel cas, nous pourrions descendre immédiatement et regagner la voiture… "

Bien sûr que non ! Il s’était donné un mal de chien pour avoir ce navire, rien que pour quelques temps, sachant que ses propriétaires étaient absents. Ben quoi…même s’il a de l’argent, il n’est pas obligé de l’investir sur un truc pareil !

Soo Min se prit à penser qu’elle aurait du réfléchir deux fois avant d’accepter de suivre le démon dans son antre sans même savoir où elle allait mettre les pieds. Et oui, c’était quand même le strict minimum d’information à demander lorsqu’on acceptait un diner en tête à tête, ou plutôt « un dernier verre » avec le roi des manipulateurs. Mais il était un peu trop tard pour lui soutirer des informations à présent et elle se contenta donc d’afficher une mine impartiale, impossible de déterminer si elle était nerveuse ou surexcitée par l’idée, elle préférait qu’il ne puisse pas le savoir d’ailleurs. C’est avec un sourire courtois qu’elle prit place dans la voiture, loin de s’étonner qu’il lui ouvre la portière. Après tout, c’était commun chez lui. Étrange comme tu a fais des compliments à Tae Min quand il a réagit de la même façon hein... Oui mais oui, il n’avait aucune bonnes manières à la base, elle ne prenait pas pour acquis un tel comportement. Elle le regarda même prendre tous les soins du monde pour attacher sa ceinture en effleurant délicatement son visage pâle. Elle sourit avec amusement en passant doucement ses doigts sur ceux du jeune homme, son regard brillant de malice. Oh comme la suite du jeu promettait d’être divertissante non? C’était un combat de tous les instants que de lui résister, mais elle saurait être forte.

Plutôt silencieuse, elle se contenta d’observer la route qui défilait devant eux, cherchant tant bien de mal de savoir où il l’amènerait. C’était assez stupide de le suivre au milieu de nulle part alors qu’elle n’avait pas sa voiture à sa disposition pour rentrer… Bon au moins, il y avait ce vent… Sans qu’elle puisse le retenir, un sourire apparu sur ses lèvres. Notre bridée avait toujours aimé les émotions fortes et, quoi de mieux que de filer à toute vitesse en voiture hein? Oui, elle devait être un brin « garçon manqué » pour apprécier ce type de divertissements. Elle profita donc du moment jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination. Elle le regarda lui tendre la main et, sans une hésitation, elle s’en saisit avec un large sourire, décroisant ses jambes fines pour s’extirper du véhicule. Avec lui au moins, elle ne risquait pas de mauvaise surprise en acceptant une main tendue…Pourquoi tu penses à ça Soo Min? Tu regrettes de passer enfin une soirée avec un mec bien ? C’est parce qu’il n’a pas de perruque, c’est ça? Non! Elle sourit plus doucement en soutenant son regard, le sien au moins aussi lourd de provocation et brulant d’amusement. S’il croyait qu’elle était si facile à charmer, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude!

Elle observa l’embarcation qui les attendait, sans vraiment être impressionnée. Il faut avouer qu’à une époque, notre petite coréenne était du genre à recevoir ce genre d’attention de la part de presque tous ceux qu’elle fréquentait, ça ne faisait plus le même effet. Elle observa le major d’homme avec un sourire plus qu’amusé. Franchement, un agent immobilier avait très peu de chance de pouvoir se payer tout cela, elle n’était pas stupide au point de gober n’importe quelle mise en scène non plus. Elle ne protesta pas malgré tout et elle prit place, continuant de sourire pendant qu’il murmurait à son oreille.

« Tu as mémorisé tes répliques au moins …. Puisque tu comptes visiblement reproduire une scène digne du cinéma. »

Elle lui envoya un sourire arrogant et moqueur, oh non, c’était loin de lui déplaire, quelle femme de rêverait pas d’un souper tout droit sorti d’un film à l’eau de rose. Seulement voilà, ça l’amusait plus que ça la charmait, c’était le genre d’attention qu’elle trouvait totalement risibles. Trop exagérées, trop prévues, elle préférait de loin les trucs simples. Et ça avait toujours été comme ça, même quand elle était célèbre. Enfin bon, elle était là pour un autre but aujourd’hui non? Lui résister et s’amuser, elle attendit donc qu’il remplisse les coupes pour lui sourire à nouveau, cherchant comment l’emmerder un peu plus… Et puis zut, il lui donna l’occasion parfaite en proposant de regagner la voiture.

« … Hmm ….. Puisque c’est si gentiment proposé, j’aimerais beaucoup oui. Enfin, j’imagine que ça ne pose pas de problèmes puisque c’est ton Yacht … »

Elle lui avait sourit, l’air de le défier, avec cet air de vipère qu’il lui connaissait si bien. Insistant sur le fait que l’embarcation était à lui… Elle n’était pas stupide au point de croire ça… La vérité était qu’autre que physiquement, elle n’avait aucun intérêt pour cet homme trop faux pour mériter son attention. Et une Soo Min qui largue le banc des prédateurs, ça devient une Soo Min vraiment emmerdeuse. Bah … ça lui rendra le jeu plus difficile hein, s’il arrive à l’avoir malgré tout, elle devra vraiment reconnaitre sa défaite… Ou alors, elle pourrait toujours tenter de se noyer… ça semble la meilleure solution puisqu’elle compare l’homme parfait à un gamin narcissique et totalement stupide… et qu’elle regrette le gamin!

Et PAF ! ça fait des chocapics…Quelle petite joueuse, adorablement féline et particulièrement odieuse sur les bords. Après tout, ce n’était pas comme s’il venait de se prendre une réplique cinglante en pleine figure, non…si ! Non seulement elle n’avait manifesté aucune surprise, aucune joie, aucune appréciation quant à sa présence sur ce petit bijou, mais en plus, elle venait de ruiner l’effet qu’il avait espérer. D’un autre côté, il aurait pu se douter qu’elle se prenne si rapidement au jeu, lui rendant les choses beaucoup plus délicates…Le pousser à bout ? Pourquoi faire, si ce n’est pimenter la partie ? Comme elle avait raison…parce qu’il aurait agi de la même manière à sa place. Il lui rendit son sourire commercial, lourd de sens, qu’eux seuls pouvaient comprendre : ça tombait bien puisqu’ils étaient seuls ! Il se dirigea vers l’extérieur, flûte en main et lui tournant le dos, avant de reprendre la parole.

" Et si je m’y oppose ? Si je décide que je veux que tu restes ici avec moi, qu’est-ce que tu comptes faire ? "

Il se retourna et se dirigea vers elle, lentement, d’une démarche souple, glissante. Il posa la flûte sur la table et se rapprocha encore d’elle, laissant quelques malheureux millimètres entre eux. Il souffla.

" Tu ne voudrais quand même pas que je t’empêche de partir par tous les moyens possibles et imaginables ? "

Ses prunelles valsaient d’un œil à l’autre, sans jamais quitter cette délicieuse jeune femme. Il dégagea ses épaules en effleurant sa peau, remontant ses doigts le long de son cou avant d’embrasser ce dernier. Tous ses gestes étaient méthodiquement réalisés, parfaitement exécutés, à la manière d’un connaisseur. Ces endroits, ces lieux magiques où la chair est plus sensible, il les avait déjà visités la nuit dernière. Tandis qu’il continuait ses baisers délicats, l’une de ses mains caressait la nuque de Mademoiselle-Je-Sais-Ce-Que-Je-Vaux-Et-Tu-Ne-M-Auras-Jamais alors que l’autre effleurait son épaule, son bras et jusqu’à saisir sa main. Il mêla ses doigts aux siens avant de reprendre une place décente, plus respectueuse de la bulle de l’autre dirons-nous. Il porta la main qu’il tenait dans la sienne à ses lèvres pour y déposer un baiser, sans la quitter des yeux bien évidemment. Par rapport à toute la mise en scène de cette soirée, ces calculs, ces gestes, ces phrases polémiques, la tournure que prenait l’instant correspondait à un bond dans le temps suffisamment conséquent pour en avoir le tournis. L’accélération de Seung Woo ne signifiait pas qu’il voulait brûler les étapes : d’abord, parce que l’un comme l’autre n’avait aucune idée du chemin à suivre. Ensuite, leur rendez-vous n’avait rien de commun avec les autres classiques, les modèles types, car ils savaient que ce n’était que du jeu. En la regardant, il avait bien envie de sortir une réplique phare du genre " dois-je continuer ou cet avant-goût suffit à te convaincre ? "…mais elle devait s’y attendre. En cela, cette soirée avait quelque chose de frustrant, voire d’agaçant, parce qu’ils se ressemblaient trop pour s’épater l’un l’autre avec leurs pratiques habituelles. Un revirement de situation peut-être ?

" Apparemment, rien ne semble te convenir. J’en ai marre…Je jette l’éponge. "

Il cessa toute supercherie, se séparant pour la première fois de la soirée de son éternel sourire de charmeur. Il soupira, souffla sur les bougies et jeta un regard déçu à la bouteille d’alcool fraîchement ouverte. Il se tourna vers son interlocutrice et annonça.

" Tu peux rester ici ou rentrer avec moi, à moins que tu ne veuilles que j’appelle un taxi ? C’est toi qui vois. Je te demande juste de me prévenir… "

Il passa devant elle, affichant dans son dos un sourire satisfait. Allait-elle le suivre ? Accepter de se faire mener en bateau ? Rendre la scène à son avantage ? Et par quels moyens ? Seung Woo avait hâte de voir quelle surprise réservait cette chère Soo Min. Il compta mentalement…3…2…1…

C’était peut-être pour cela qu’ils s’entendaient assez bien malgré leur défauts respectifs qu’ils n’arrivaient pas à sa cacher mutuellement, c’était sans doute précisément parce qu’ils étaient si semblables qu’ils ne se vexaient pas à la moindre réplique. D’ailleurs, s’ils avaient agis d’une autre façon qu’être eux même, séducteurs et vils, ils auraient été déçus par cette soirée visiblement trop facile. Il fallait faire monter la tension, faire perdurer le jeu et la tentation sans y céder immédiatement, sinon, on se lasse. La bridée devait être particulièrement résistante pour ne pas craquer sous ce charme carrément digne d’un prince de conte de fée. La vérité? Elle refuserait de lui montrer, jusqu’au dernier moment, l’effet qu’il avait sur elle. Contre toute attente, ces sourires joueurs et ses regards faussement doux, hypocrites, étaient bien la chose qui avait le plus d’effet chez elle. Ça l’amusait de se retrouver avec un homme que beaucoup de femmes rêveraient d’avoir. Elle se demandait comment cela était possible même, surtout lorsqu’on devine ses vraies intentions et sa véritable personnalité. Enfin, toujours est-il qu’elle avait décidé de devenir une véritable peste, une opposante du tonnerre et une ennemie coriace. Il n’allait pas l’avoir si facilement… bien que mentalement, elle n’avait aucun doute que tôt ou tard, il aurait raison d’elle avec ce sourire provocant qu’elle lui rendait à merveille.

«Hmmm… je ne sais pas, déjà, si nous n’étions pas si près de la rive, tu aurais peut-être le loisir de me voir rentrer à la nage…ça serait divertissant non? »

Décidément, lui tenir tête était encore plus amusant que de le séduire. Elle l’écouta murmurer à son oreille avec un sourire sincèrement amusé. Le secret? Il n’y avait rien qu’elle préférait à une bonne guerre, une querelle pas très grave ou juste une divergence d’opinion. Soo Min faisait parti de ses femmes qui adorent affirmer qu’elles ont raison pour se faire prouver qu’elle a tord. Un peu masochiste sur les bords? Peut-être, ou alors elle avait tout simplement des divertissements étranges qui dataient de l’époque où elle était célèbre. Après tout, personne ne lui résistait avant, elle avait tout ce qu’elle voulait et même, elle a toujours préféré les salauds qui lui tenaient tête. Si vous en doutez, vous n’avez jamais assisté à une dispute typique de Soo Min et Tae Min pour savoir qui avait le plus beau déhanchement… Elle releva son minois vers le coréen avec un sourire en coin alors qu’elle approchait ses lèvres de son oreille pour murmurer, avec un sourire provocateur.

« Toi qui prétends pouvoir prévoir mes réactions si facilement… Tu devrais savoir que j’en rêve… j’espère que tu as des cordes et des menottes hmmm? »

Oui, elle se payait sa tête…enfin, espérons? Il faut avouer que l’idée d’être séquestrée par quelqu’un qui, à la base lui plaisait, avait quelque chose d’extrêmement prometteur. Elle le laissa donc approcher en le suivant des yeux et en sentant des doigts parcourir son cou, elle ne pu s’empêcher de renverser légèrement la tête. Réflexe? Mais ce monstre connaissait ses points faibles, il n’y avait aucune justice, surtout qu’elle devait résister. Il ne fallait surtout passe laisser avoir par des lèvres sur sa peau. Oui mais, si elle frissonnait sans pouvoir s’en empêcher? Elle tenta de réprimer un sourire et se contenta plutôt de le laisser faire un moment. Pauvre Soo Min, elle perd tous ses moyens lorsqu’on s’en prend à sa nuque, elle deviendrait presque aussi docile qu’un chaton, c’est vous dire. Finalement, il daigna malgré tout la laisser respirer et il ne lui fallu que quelques secondes pour reprendre son air de « Ça-ne-me-fait-aucun-effet ». Ouf, um peu plus et elle se retrouvait réellement à perdre ce pari! Encore heureuse qu’elle n’ait mis que son égo en jeu …Sauf que ce qui était frustrant, c’est que l’instant d’après, il annonçait sa démission. Elle fronça les sourcils en l’observant… elle ne pouvait pas perdre de cette façon non, s’en était presque frustrant.

« Je trouves que tu manques cruellement de ressources. Tu as si bien mémorisé ta mise en scène … où est passée le moment classique où tu dois m’inviter à danser ? À moins ça soit quelque chose que tu ne sais pas faire? C’est possible? »

Elle avait mis sa main devant ses lèvres en affichant un air faussement surpris et outré. Soo Min, tu n’as pas vraiment envie de danser hein…Si? Sans musique et avec lui? Si. Sans alcool et loin de toute discothèque? Totalement. Elle le regarda éteindre des bougies avec un air qu’elle savait trop être fausse. Mais en même temps, il avait beaucoup trop joué avec ses nerfs pour qu’elle le laisse repartir aussi sagement. Mais c’était frustrant quand même…La demoiselle soupira en prenant un air déçu et daigna s’approcher de lui. Elle était derrière lui et très doucement, elle glissa ses doigts sur les bras du jeune homme, sa tête presque posée sur son dos alors qu’elle abordait un sourire moqueur. Elle avait encore envie de voir jusqu’où elle pourrait le pousser avant de craquer…

« Si tu abandonnes … tu pourrais peut-être avouer que j’ai gagné une bonne fois pour toute non? Et après, je me ferai un plaisir de t’enchainer quelque part, je crois bien que j’étais à moitié sérieuse pour les menottes… »

" Il ne s’agit pas de connaître mes ressources : il est question de savoir si je veux encore jouer ou non et je viens de te le dire…La partie est terminée. "

Non mais vraiment, tu ne pousses pas le bouchon un peu loin, là ? Avec ce ton las, presque réprobateur, on pourrait croire que tu te lasses ! Sérieusement Seung Woo, tu te fais flipper tout seul. Et alors ? Si le but de la manœuvre n’était connu que par lui, s’il était le seul maître détenteur de la vérité, celle-là même qu’il ne pouvait révéler maintenant, n’était-ce pas plus excitant encore ? C’était assez facile de tourner autour du pot durant des lustres, encore fallait-il savoir s’arrêter un instant pour repartir de plus belle ! Le fait qu’elle soit comme lui, qu’ils se ressemblent à bien des égards et surtout en matière de séduction, c’était cela le plus compliqué, le plus perturbant. S’il y avait bien un domaine après son travail dans lequel il excellait, c’était justement l’art de séduire et elle…son double…représentait sa plus grande difficulté. Il voulait savoir si elle pouvait l’appréhender aussi aisément qu’elle le croyait : connaissait-elle réellement tous ses atouts, tous ses tours de passe-passe, toutes ses ruses ? Il en doutait, de même qu’il était certain qu’elle avait également d’autres cartes en main. Lui tournant toujours le dos, il la sentit s’approcher de lui pour caresser ses bras et frôlant son dos. Elle susurra de nouvelles tentations et il ne put réprimer un sourire, qu’elle ne put percevoir.

" D’accord…je vais le dire, une fois et une seule fois, alors écoute bien. "

Il se tourna soudainement, se retrouvant à quelques centimètres du visage de la jeune femme. Il avançait tandis qu’elle reculait, comme s’ils entamaient une danse aux pas mesurés. Lorsqu’elle toucha la table, il saisit un coin de la nappe et le tira violemment avant de saisir la taille de Soo Min pour l’attirer contre lui. Il la plaqua contre la table et saisit sa nuque de se main libre. Il parcourut lentement son cou, descendant progressivement jusqu’à sa poitrine, son ventre et attrapa sa cuisse pour qu’elle l’emprisonne. Il ne cessait de faire flamboyer ses prunelles ardentes, fixant ses yeux dans les siens, avant d’embrasser son cou, son menton et s’interrompit lorsqu’il atteignit ses lèvres. Il se pencha vers elle, aussi sensuellement qu’il en était capable et susurra à son oreille.

" Il n’y a aucun gagnant, ni perdant dans l’histoire…Nous nous mentirions à nous même en disant que l’un ou l’autre était capable de vaincre. Nous avions juste envie de recommencer et cette pseudo revanche n’était qu’un canular, un appât qui aidait notre fierté à ne pas se sentir trop entachée. "

Il la redressa lentement, avec toute la douceur dont il pouvait faire preuve, continuant de la regarder fixement.

" Si tu n’es pas d’accord avec cet épilogue, je ne te retiendrai plus ni ne chercherai à te revoir… "

Il laissa sa phrase en suspens, continuant de l’observer, une main glissante le long de son bras pour rencontrer sa main et l’autre, toujours délicatement posée sur sa cuisse. Le poids de leur rencontre, de cette soirée et peut-être même d’une possible rencontre future, tout reposait sur cette charmante Mademoiselle Kim. Il ne voulait pas lui donner la seconde option, convaincu qu’elle saurait la deviner d’elle-même…à moins qu’il ne change subitement d’avis pour ne lui laisser aucune alternative ? Et rater une nuit au septième ciel en compagnie d’une pro ? Mais qu’il est drôle ! ^^ D’un autre côté, ce pouvait être une sorte de challenge que de refuser pareille gourmandise, pour connaître ses limites en matière de luxure et s’en imposer de nouvelles. Quel esprit torturé et tortueux ! Mon dieu que c’est dur d’entretenir une image de bourreau des cœurs…

Il choisit précisément cet instant de silence pour interrompre ses gestes tendres et la regarder avec force, implacablement froid. Que pouvait-il bien se passer dans se tête ? A quoi était-elle en train de songer ? Voyait-elle clair dans son jeu ou ne voyait-elle pas exactement où il voulait en venir ? C’était cela aussi, toute la difficulté de leur partie.