Seun HanByul =3 [UC]

C'est de bon matin et de bonne humeur que JungYoon quitta son appartement, malgré la fatigue accumulée durant la semaine qui pouvait facilement se voir au niveau des cernes creusées qui se trouvaient sous ses yeux. Sa musique à fond dans les oreilles, il fit quelques pas de danse dans l'ascenseur dans lequel il se trouvait heureusement être seul : Oui, même crevé notre coréen avait la pêche pour se divertir. Les portes s'ouvrirent alors et il sortit de la cage, continuant son occupation en se regardant dans les miroirs qui lui faisaient face. Tournant sur lui-même, il se mit à sourire avant de faire un clin d'œil à sa propre personne : Fou ? Un peu, sans doute. Disons qu'il était loin d'être commun ; le brun était plutôt du genre à rigoler pour tout et pour rien, à toujours tourner au ridicule quelque chose de grave ou bien à faire le guignol pour remonter le moral de ses potes. Là, effectivement, il se faisait sourire tout seul, ce qui pouvait être le signe évident de la folie. Mais bon, ce qui nous permettait d'écarter l'hypothèse qu'il était atteint était sans doute le fait qu'il savait être sérieux lorsqu'il devait l'être. Bon, chose à préciser : JungYoon déteste réfléchir ; que ce soit sur lui-même, sur les autres ou sur les actions de X. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il juge qu'il n'a pas de temps à perdre avec ça, que sa vie est courte et qu'il doit tout faire pour en profiter au maximum. C'est donc en songeant à cela qu'il avait envoyé un sms à Akiyo pour qu'il passe chez lui ce soir. En temps normal, le coréen aurait évité pour cause qu'il n'était pas du tout prêt à dire à une personne du même sexe qu'il était clairement attiré et qu'il désirait être plus qu'un simple ami : Peur de l'homophobie ? Non, du tout, ne vous égarez pas. Le brun était tout ce qu'il y a de plus ouvert d'esprit ; disons juste qu'il ne se sentait pas totalement open pour se faire avoir une seconde fois : L'autre rapace nymphomane l'avait suffisamment ridiculisé pour qu'il le soit de nouveau à cause de notre coureur de jupons (de plein gré du moins). Alors pourquoi tenter sa chance en sachant pertinemment qu'Akiyo était un pur hétérosexuel qui ne rêvait qu'à se serrer des filles jours et nuits ? Tout simplement parce que le temps court très vite et que JungYoon sait qu'il n'a pas de sang d'athlète en lui.

Arrivé à son lieu de travail, dix minutes plus tard, le brun salua sa meilleure amie qui se trouvait apparemment être en train de galérer avec la machine à café. Rigolant avec légèreté, JungYoon l'aida : Elle lui faisait un peu pitié à appuyer comme une folle sur les boutons, à tel point qu'il lui fit remarquer en lui trifouillant les cheveux pour l'agacer un peu plus. Toujours agréable, celle-ci lui fit un grand sourire en l'envoyant balader comme elle avait l'habitude de le faire quand elle se sentait spoliée : Le coréen adorait la voir dans cet état et c'était toujours un réel plaisir que de l'y emmener ! Lui lançant la phrase de loin, alors qu'il prenait le chemin de son bureau, il put entendre un soupir de désespoir et d'amusement s'échapper des lèvres de Sayako. Ah, cette petite, elle avait vraiment tout pour lui plaire ! Excepté son côté antipathique, parfois. Atteignant la porte de son bureau, il fouilla dans ses poches pour trouver sa clé : C'est en constatant qu'il ne l'avait pas qu'il retira sa veste, presque avec précipitation ou peur, afin de voir si elle n'était pas dedans. Non ; mais c'est pas possible ça ! Il avait juste son portable, son lecteur, ses clés de maison et ses papiers. Murmurant un "merde", il retourna sur ses pas. Malheureusement, ou heureusement, pour lui, il se rappela soudainement, alors qu'il allait franchir la porte du bâtiment, qu'il accrochait toujours sa clé de bureau avec les autres. Se donnant une tape sur le front, il fit demi-tour en marmonnant sur lui-même : Ce qu'il pouvait être con parfois, c'était le mot. Soupirant, il sourit tout de même, cette réaction lui rappelant Sayako quelques minutes auparavant : Dieu t'a vengé ma fille ! Pénétrant alors dans la pièce qui lui avait été prêtée pour les cinq années à venir, il balança sa veste sur la chaise destinée aux personnes désirant ses services. D'ailleurs, à peine eut-il posé ses fesses sur son canapé que quelqu'un frappa : Premier client, que la journée commence.

C'est épuisé que JungYoon rentra chez lui, vers 19h, après avoir eu une bonne dizaine de dialogues à traduire dans la journée ; et autant vous préciser que dire rapidement ce que signifie la phrase prononcée par l'autre, dans une autre langue, est quelque chose qui demande beaucoup de vivacité. Fermant la porte, il se dirigea instinctivement vers sa penderie d'où il sortit les affaires qu'il porterait ce soir, puis fila vers la salle de bain : Ce n'est qu'une demi-heure plus tard qu'il en sortit, sentant la menthe, déjà habillé et coiffé. Bon, il était dans les environs de 20h, Akiyo ne devrait pas tarder : Ce qu'il fallait à présent espérer c'est que son cadet n'ait pas oublié qu'il avait la soirée prise par un pote et non par une poule. Tiens, et si il se désistait, inventant un mensonge pourri à JungYoon pour se faire plaisir à la place ? L'aîné le prendrait sans doute très mal mais il ne lui ferait pas savoir ; un simple "tant pis" suffirait. Et il balancerait son téléphone contre le mur ; ravagerait sa maison et se taillerait les veines pour finir misérable au milieu de son sang. Je déconne ; disons qu'il passerait sa nuit à mater des films en mangeant une bonne pizza. Se laissant tomber sur son lit, JungYoon se frotta les yeux : Il avait faim mais beaucoup trop la flemme de se relever pour aller se nourrir. Tant pis, il mourrait comme un infirme sur son lit. Tout à coup, alors qu'il regardait le plafond en ne pensant à rien de précis, il entendit toquer à la porte. Bizarrement, et comme soudainement en pleine forme, le brun fit un bond et s'élança vers le couloir. Minute ! Il se stoppa devant le miroir se trouvant à l'entrée, replaça quelques mèches puis se décida enfin à ouvrir : Un sourire se dessina sur ses lèvres.

"Pile à l'heure. C'est à croire que tes rendez-vous quotidiens avec les filles t'ont appris à être ponctuel."

Se décalant pour le laisser entrer, il le détailla discrètement : Toujours aussi mignon, évidemment. Et jeune aussi, se rappela le coréen en plissant les lèvres alors que son invité observait les lieux comme si ils avaient changés depuis la dernière fois qu'il était venu. Putain, mais c'est vrai ça, Akiyo n'a que 16 ans ! C'est sans doute à cause de son expérience sexuelle que JungYoon se permettait de l'oublier à la place de bien le caser dans un coin de sa mémoire. Enfin, passons. Refermant la porte, l'asiatique invita l'autre coréen à s'asseoir avant d'aller chercher de quoi boire : Il revint deux minutes plus tard, avec une boisson alcoolisée qu'il posa sur la table basse en même temps que deux verres. Bah quoi , c'était une occasion spéciale, ils avaient bien le droit de boire quelque chose de plus évolué que du coca, non ? Quelle occasion, vous vous demandez, hein ? Et bien bonne question, ils se voyaient rarement et dès que c'était le cas, JungYoon se permettait de voir la vie autrement que simple. Se posant sur un des canapés blancs, le coréen remplit les verres puis en tendit un à Akiyo, toujours avec un léger sourire sur les lèvres : Lui, savoir que son invité ne supporte pas l'alcool ? Mais non, jamais voyons.